Fragilisé après le recul historique du Congrès national africain (ANC) lors des élections générales du 29 mai, Cyril Ramaphosa est tout de même parvenu à se faire réélire à la tête de l’Afrique du Sud. Le nouveau gouvernement, fruit d’une alliance inédite entre l’ANC et la DA libérale, gravitera « autour du centre ».
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, lors du vote au Parlement au terme duquel il a été réélu, le 14 mai 2024.
À 71 ans, Cyril Ramaphosa entame donc un nouveau mandat à la tête de la Nation arc-en-ciel. Il a été réélu par le nouveau Parlement, dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 mai, avec 283 voix, loin devant l’autre candidat, Julius Malema du parti radical de gauche EFF qui a lui obtenu 44 voix. Une réélection qui intervient alors que son parti l’ANC a trouvé un accord de gouvernement inédit avec le principal parti d’opposition, la DA libérale.
« Je déclare l’honorable Cyril Ramaphosa président dûment élu », a annoncé le juge Raymond Zondo qui présidait la séance. « C’est un jour historique » et « le début d’un nouveau chapitre de construction, de coopération », a réagi le leader de la DA, John Steenhuisen, disant se « réjouir de travailler » avec Ramaphosa et ses équipes.
« Gouvernance propre »
Les élections législatives fin mai ont marqué un tournant historique pour l’Afrique du Sud, mettant fin à trente ans d’hégémonie du Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela. Le parti qui a défait le régime honni de l’apartheid a ainsi perdu pour la première fois sa majorité absolue au Parlement. Le futur gouvernement va graviter « autour du centre », entre l’ANC, qui reste majoritaire avec 159 des 400 députés, l’Alliance démocratique (DA, 87 sièges) et le parti nationaliste zoulou Inkhata (IFP, 17 sièges).
Le président du Congrès national africain (ANC), Cyril Ramaphosa, salue ses partisans pour son dernier meeting de campagne à Johannesburg, le 25 mai 2024. © Alaister Russell/REUTERS
Afrique du Sud : cinq questions pour comprendre les ultimes négociations
La DA avait annoncé dans la matinée avoir trouvé un accord de gouvernement avec l’ANC, positionné « autour du centre rationnel » du paysage politique. John Steenhuisen a estimé que ce gouvernement multipartis est « la meilleure opportunité » pour le pays « d’obtenir la stabilité et une bonne gouvernance propre », loin de la corruption qui a entaché l’ANC ces dernières années. Il a précisé que l’attribution de postes de ministres n’était pas encore tranchée. « Nous parlons valeurs et principes d’abord, postes ensuite », a-t-il ajouté.
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Cyril Ramaphosa, ancien syndicaliste ayant fait fortune dans les affaires, avant de revenir à la politique, a affiché toute la semaine une franche décontraction, alors qu’il menait des négociations serrées en coulisses. Il a blagué avec la presse, rassemblée devant une réunion cruciale de l’exécutif de l’ANC: « Mais que faîtes vous là, vous êtes si inquiets? »
Besoin de « stabilité »
L’investiture du chef de l’État devrait se dérouler mercredi à Pretoria, selon une source gouvernementale. Depuis plusieurs jours, une troïka ANC-DA-IFP s’était dessinée, en dépit de tiraillements sur la gauche de l’ANC, qui voyait d’un mauvais œil une alliance avec la DA, apprécié par le monde des affaires mais qui reste largement perçu comme le parti des Blancs et opposé au poids des aides sociales sur le budget notamment.
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