Ce lundi s'ouvre un procès historique pour juger d'une affaire remontant à plus de 10 ans : celle du financement supposé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par le régime libyen. Quelles sont les étapes clés de cette affaire, qui en sont les protagonistes principaux ?
C'est une affaire sur laquelle les journalistes de Médiapart enquêtent depuis plus de 10 ans : l'enquête du supposé financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Quels sont les faits exacts reprochés à l'ancien de chef de l'État et ses ministres ? Quels sont les documents rassemblés qui attestent de flux financiers autour de cette campagne en 2007 ? Qu'attendre de l'issue de ce procès qui devrait s'achever en avril 2025 ?
Le banc des accusés
Dans le procès des financements libyens de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, Yannick Kergoat cite les 12 accusés : "l'ancien président de la République de 2007 à 2012, Claude Guéant, son directeur de cabinet puis secrétaire général de l'Élysée ; Brice Hortefeux, ministre des Collectivités locales, devenu ministre de l'Immigration en 2007 ; Éric Woerth, trésorier de la campagne présidentielle, ensuite nommé ministre du Budget. Pour la partie libyenne, Bechir Saleh, l'ex-chef de cabinet de Kadhafi. Et enfin, des hommes d'affaires comme Ziad Takieddine, Alexandre Djouhri et quelques autres. Après 13 années d'investigation et de rebondissements, ces figures se retrouvent face à la justice."
Pourquoi de l'argent libyen ?
Au début des années 2000, la Libye change de politique. Le pays, gouverné par le "Guide" révolutionnaire Mouammar Kadhafi, a financé le terrorisme, notamment contre les pays occidentaux. Ce constat, Yannick Kergoat le précise : "C'était un État terroriste pendant plusieurs décennies, au ban de la communauté internationale. Au début des années 2000, il y a les attentats du 11 septembre en 2001. En conséquence, une pression très forte s'exerce sur le pays. Mouammar Kadhafi prend peur et décide de rompre avec sa politique terroriste et d'essayer de revenir dans le concert des pays respectables. Pour cela, il avait effectivement besoin d'une nouvelle diplomatie. Cette diplomatie passe par des financements à destination de dirigeants ou d'hommes politiques africains, mais aussi d'Amérique du Sud. C'est dans cette tradition qu'on a abouti à financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007."
Trouver des preuves
Pour prouver la culpabilité des accusés, le cœur du procès se base sur l'existence, ou non, de traces de virements, de retraits ou de dépôts d'argent liquide. Yannick Kergoat souligne l'état actuel des enquêtes sur la question : "Les enquêteurs et les juges d'instruction, dans leurs ordonnances de renvoi, disent clairement qu'ils n'ont pas une vue d'ensemble de ce qu'a pu être le financement de la campagne de Sarkozy et, par conséquent, des flux d'argent entre la Libye et le clan de Nicolas Sarkozy. En revanche, ils précisent qu'ils ont identifié plusieurs flux d'argent partant de divers endroits de la Libye pour arriver entre différentes mains françaises. On peut en citer quelques-uns. Il y a les fameux 500 000 euros versés sur le compte de Claude Guéant, trois mois après la visite de Mouammar Kadhafi à Paris, qui lui ont permis d'acheter un appartement. Les enquêteurs ont déterminé cela en remontant laborieusement le fil des transactions. Ces fonds transitent souvent par des paradis fiscaux, rendant les finances très difficiles à retracer."
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