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Haiti – Violences : Cité Soleil replonge dans ses vieux cauchemars

Les 3 années de répit apparent n’ont pas permis au plus grand bidonville d’Haïti de rompre avec la spirale de violence armée ayant miné, dans un temps, le quotidien de ses habitants. Avec les fractions civiles armées qui se livrent combat au quotidien, Énock Joseph, notable de Cité Soleil entrevoit difficilement un regain de paix.

Samedi 30 mai 2020 ((Agence CAPIA))– Une séquence vidéo à glacer le sang, expose des caïds lourdement armés défilant dans des corridors de Cité Soleil. D’autres images, d’une rare violence, dévoilent une fillette, blessée à la jambe, évacuée par un jeune, au milieu des détonations et des bousculades.

Des habitants de Cité Soleil, depuis plusieurs semaines, sont en train de revivre les mêmes cauchemars des deux dernières décennies, après des escalades de violence mettant aux prises plusieurs groupes armés, rapporte Énoch Joseph, notable de la commune.

Au bilan, au moins une dizaine de personnes assassinées et plusieurs blessés par balles, évoque-t-il

Des caïds des quartiers de Boston, de Brooklyn, de ‘’Nan Chabon’’, de Lasaline s’affrontaient sans abandon, pour le contrôle de territoires. La fin de mandat des élus locaux (Député et maires) et la perspective des prochaines électorales sont également mises en cause dans ce regain de violence armée, souligne le dirigeant d’Église protestante.

La scène du dimanche 24 mai dernier est révélatrice d’une situation hors contrôle pour laquelle l’État justifie son indifférence. Au moins quatre points contrôlés par des agents de l’ordre sont établis dans la section comprise entre Carrefour de l’Aviation et Delmas 2. L’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti (IGPNH), la Direction centrale de la Police routière (DCPR), le quartier général du Corps d’Intervention et de Maintien d’Ordre et le sous-Commissariat du Carrefour de l’Aviation abritent des policiers qui n’ont cure du degré de pourrissement de la situation.

Ce tableau est caractéristique, selon Énoch Joseph, d’une institution policière en déroute et fragilise l’autorité de l’État.

La commune de Cité Soleil, abritant plus d’un demi-million d’âmes, voit ses rues progressivement vidées de leurs occupants, rappelle Énoch Joseph. Des maisons abandonnées ont été récupérées par des seigneurs de la terreur érigeant leur empire guerrier.

Dans le dernier décompte, raconte-t-il, au moins 300 nouveaux jeunes se sont enrôlés aux cotés des caciques comme Isca et Gabriel ou d’autres chefs de gang qui imposent leur suprématie dans cette commune où les poches de violence se multiplient.

Aux dernières nouvelles, une vague de mandats d’amener décernés par le Parquet de Port-au-Prince aux chefs de bandes armées de Cité Soleil. Une action considérée comme une tentative désespérée de la justice haïtienne de cacher sa passivité et son impuissance.

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