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Haïti à l'arrêt un an après l'annonce de la démission d'Ariel Henry

Port-au-Prince, 11 mars 2025 - Un an après qu'Ariel Henry a annoncé sa démission du poste de Premier ministre, Haïti est au point mort. Il peine à trouver sa voie, toujours embourbé dans une crise qui continue de s'aggraver de jour en jour et qui semble sans issue.
Cela fait un an qu'Henry, dans un message adressé à la nation depuis l'étranger, a annoncé qu'il démissionnerait de ses fonctions dès qu'un Conseil présidentiel de transition serait établi (une entité qui a finalement été installée en avril) car « aucun sacrifice n'est trop grand pour notre pays », qui, a-t-il dit, « a besoin de paix, de stabilité et de développement durable ».
Cette annonce intervient dans le contexte d'une offensive sans précédent de la coalition Vivre Ensemble, composée de bandes armées dirigées par le puissant Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », qui a incendié dans la capitale des commissariats de police, des écoles, des universités et même des pharmacies et centres de santé publics et privés, une escalade de la violence déclenchée lorsque le Premier ministre de l'époque était à l'étranger.
Henry s'était rendu au Kenya pour discuter du déploiement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) dirigée par le Kenya et n'avait pas pu retourner en Haïti en raison de la fermeture pendant des semaines de l'aéroport principal de Port-au-Prince, cible de l'attaque du gang.
Les négociations entre les partis et les organisations de la société civile devraient aboutir à un accord politique en avril 2024, qui prévoirait la création du Conseil présidentiel de transition (CPT) et l’élection ultérieure d’un nouveau Premier ministre.
Depuis l'assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, Henry était le seul dirigeant du pays et n'avait aucune idée qu'un jour il serait contraint d'abandonner le pouvoir.
Aujourd’hui, douze mois plus tard, il ne peut toujours pas officiellement rentrer chez lui. Hormis quelques vidéos personnelles circulant sur les réseaux sociaux qui ont permis aux Haïtiens de le voir sortir d'un supermarché aux États-Unis, on n'a plus eu de ses nouvelles depuis, ni de sa présence dans les médias.
La violence, la crise et le chaos sont les thèmes principaux en Haïti.
Durant son mandat, Henry n'a pas réussi à tenir ne serait-ce qu'un tiers de ses promesses, notamment celle de rétablir la sécurité, de réformer la Constitution, d'organiser un référendum et d'organiser des élections générales, tâches qui incombent désormais au CPT.

Depuis le départ d'Henry, la sécurité n'a cessé de se détériorer tant dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince que dans les villes de province, les gangs devenant de plus en plus violents contre la population civile.
Les groupes armés, du nord au sud et d’est en ouest, s’emparent de plus en plus de territoires, commettant des attaques, des viols et des vols, tandis qu’au moins 85 % de la zone métropolitaine de Port-au-Prince est sous le contrôle direct ou indirect des gangs.
La crise humanitaire s’est également aggravée, le nombre de personnes déplacées ayant presque doublé (il dépasse désormais le million), dont beaucoup vivent dans des camps de fortune dans des conditions inhumaines, sans services de base tels que l’eau et les soins de santé.
Il est également incertain que les élections initialement prévues en novembre prochain puissent se tenir en raison de la détérioration du climat sécuritaire, malgré la présence de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) depuis fin juin.
Les opérations menées par la Police nationale, les Forces armées haïtiennes et le MSS, tant à Port-au-Prince que dans les villes de province, ne parviennent toujours pas à maîtriser les gangs, qui ne font que gagner en force et s'emparer de nouveaux territoires.
Face à cela, les autorités successives, premiers ministres, ministres et présidents du Conseil présidentiel de transition continuent de faire des promesses qui ne se matérialisent jamais, tandis que la population reste impatiente de vivre en paix.
À tout cela s’ajoute la crise socio-économique et l’insécurité alimentaire croissante, due en grande partie aux péages autoroutiers imposés par les gangs, qui obligent les automobilistes à payer des sommes importantes.
Cela fait grimper l’inflation, augmentant le prix des biens de première nécessité de cinq, voire de dix fois, dans une économie moribonde où de nombreuses entreprises privées ont fermé, réduisant ainsi les possibilités d’emploi.
Bien que la transition soit censée s'achever le 7 février 2026, avec l'arrivée des élus après dix ans sans élections, nombreux sont ceux qui doutent que ce soit finalement le cas dans un pays où la violence a fait plus de 5 600 morts rien qu'en 2024.

1 Comment

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Luc Mardoché Guerrier
il y a 2 mois

Est-ce que Ariel Henry a annocé sa demission?

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