Saint-Domingue, 31 mars - Le président Luis Abinader a affirmé qu'il n'ordonnerait pas la réouverture de l'espace aérien avec Haïti comme demandé par ses plus hautes autorités lundi, et a affirmé que le pays voisin s'est « effondré ».
Son gouvernement, a-t-il souligné, estime qu'il y a une « anarchie » croissante en Haïti et ne croit donc pas que ce soit le bon moment pour reprendre les vols vers ce pays, comme le demande aujourd'hui le Conseil présidentiel de transition haïtien (CPT) dans un document.
Dans cette note, le CPT proposait la reprise du dialogue entre les deux nations, soulignant parmi ses points la reprise des vols, notamment entre Saint-Domingue et Cap-Haïtien (nord d'Haïti), ainsi que la reprise des pourparlers entre les deux pays, interrompus en septembre 2023 suite à la construction par Haïti d'un canal sur le fleuve Masacre ou Dajabón, que la République dominicaine jugeait « illégal ».
« Après la mort du président Jovenel Moïse en 2021, Haïti a sombré dans le chaos et l'anarchie s'accroît (…). Nous voyons un pays qui s'est pratiquement effondré », a déclaré le dirigeant dominicain lors de sa conférence de presse habituelle de lundi au Palais national.
Abinader a rappelé que quatre mois avant l'assassinat de Moïse, ils s'étaient rencontrés et avaient convenu qu'Haïti construirait des hôpitaux sur son territoire près de la frontière avec la République dominicaine pour les femmes haïtiennes en travail.
"Nous avons également convenu de construire le mur (entre les deux pays), ainsi que d'empêcher l'immigration illégale, entre autres actions qui ont bénéficié au pays", a souligné le président dominicain.
Le document du Conseil présidentiel haïtien précise que la ville de Cap-Haïtien « ne connaît pas les mêmes niveaux d'instabilité que Port-au-Prince », dont la zone métropolitaine est contrôlée à au moins 85 % par des gangs armés.
Dans sa note, le Conseil fait référence à la récente interdiction par Haïti d'importer des marchandises étrangères à travers la frontière dominicaine. L'actuel président de l'institution, Fritz Alphonse Jean, affirme que cette mesure « ne constitue pas une sanction contre la République dominicaine, qui demeure un partenaire commercial clé pour Haïti », mais vise plutôt à renforcer la sécurité et à lutter contre le trafic d'armes et de drogue.
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