Des milliers d'Haïtiens sont descendus dans les rues de la capitale, Port-au-Prince, mercredi pour exiger que le gouvernement assure leur sécurité dans un contexte de violence persistante entre gangs.
« Nous sommes venus ici pour présenter nos revendications au gouvernement. Nous exigeons la liberté, la sécurité. Nous devons pouvoir travailler et sauver notre pays », a déclaré un manifestant.
De nombreux manifestants tenaient des branches d’arbres ou des feuilles de palmier, tandis que certains portaient des machettes et des armes à feu, tandis que les écoles, les banques et d’autres commerces restaient fermés dans la ville.
Les manifestations ont commencé pacifiquement, mais plus tard dans la journée, des coups de feu sifflants ont éclaté, faisant fuir la foule nombreuse dans la panique alors que les manifestants se heurtaient à la police.
Des pneus en feu bloquaient les routes tandis que les manifestants scandaient : « Allez, allez, allez, sortez-les de là. »
Il s'agit de la première grande manifestation à frapper le gouvernement d'Alix Didier Fils-Aimé, nommé Premier ministre en novembre.
Les gangs armés contrôlent la quasi-totalité de la capitale et des zones environnantes, et le mécontentement et la colère se propagent parce que le gouvernement de transition n’a pas réussi à les contenir.
Une mission de sécurité des Nations Unies en sous-effectif et sous-financée n’a pas non plus fait grand-chose pour empêcher son avancée.
La violence a forcé plus d’un million de personnes à fuir leur foyer, contribuant à une économie paralysée et alimentant une famine massive.
Les gangs sont également accusés d’extorsion, de viols collectifs et de meurtres.
Lors d'une visite dans la ville début mars, William O'Neill, un expert du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme en Haïti, a décrit Port-au-Prince comme « une prison à ciel ouvert ».
Il a déclaré qu'il n'y avait aucun moyen sûr d'entrer ou de sortir, sauf par hélicoptère.
Un récent rapport de l’ONU conclut que plus de 4 200 personnes sont mortes en Haïti entre juillet et février, et que 1 356 autres ont été blessées.
La police disperse une manifestation massive en Haïti exigeant la sécurité.
Port-au-Prince, 2 avril - La Police nationale d'Haïti (PNH) a dispersé la manifestation massive organisée mercredi à Port-au-Prince pour exiger la sécurité et exiger que les autorités prennent des mesures pour freiner la violence.
La manifestation, à laquelle ont participé des milliers de personnes, a été dispersée par la PNH avec des gaz lacrymogènes lorsqu'elle a atteint sa destination, la Ville d'Accueil, siège du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du gouvernement depuis des mois.
Lors de la marche, les participants, dont beaucoup étaient vêtus de noir, ont exigé la démission du CPT, le critiquant pour son manque d'action face à l'augmentation de la violence ces derniers mois en Haïti.
Tout au long du parcours, les manifestants ont érigé des barricades avec des pneus enflammés, ce qui, combiné aux milliers de personnes descendues dans la rue, a provoqué une congestion dans une grande partie de Port-au-Prince.
« La charge est lourde, nous ne pouvons pas la porter », était l'un des slogans scandés par les manifestants, certains portant des banderoles avec des slogans contre les autorités et d'autres portant des branches d'arbres en guise d'armes.
La manifestation a réuni des personnes déplacées vivant dans des camps de la capitale haïtienne après avoir dû abandonner leurs maisons, ainsi que des habitants de quartiers tels que Canapé-Vert (théâtre de résistance contre les menaces de groupes armés cherchant à envahir la zone), Turgeau, Carrefour-feuilles, Pacot, Debussy, Delmas et des quartiers voisins.
Déjà ce matin, plusieurs quartiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince se sont réveillés sous tension, avec des pneus en feu et des rafales de tirs d'armes automatiques.
Il s'agit de la deuxième grande manifestation contre l'insécurité en Haïti en un mois, orchestrée par des civils subissant la violence des gangs armés, principalement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince (dont au moins 85% est sous contrôle des gangs), mais aussi dans les villes de province.
En effet, cette semaine, la coalition du gang Vivre Ensemble, dirigée par le tout-puissant ancien policier Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », a attaqué Mirebalais (centre de la Colombie), où ils ont incendié la prison locale, provoquant l'évasion de plus de 500 détenus, la plupart en attente de jugement, selon le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).
En 2024, les violences en Haïti ont fait au moins 5 626 morts (mille de plus que l'année précédente), 2 213 blessés et 1 494 kidnappés, selon des données vérifiées par l'ONU.
Fin mars, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a rapporté qu’au moins 4 239 personnes ont été tuées et 1 356 blessées en Haïti entre juillet et février avec des armes importées illégalement de l’étranger, malgré l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Ce pays des Caraïbes, le plus pauvre des Amériques, traverse une crise humanitaire sans précédent avec plus d’un million de personnes déplacées (dont plus de la moitié sont des enfants) et quelque 6 millions de personnes ayant besoin d’une aide urgente.
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