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Sommet Russie-Afrique, un alignement des non-alignés ?

Alors que s’est ouvert le deuxième forum économique et humanitaire Russie-Afrique, l’hôte tente d’éblouir le continent, tout autant que les invités essaient de séduire le régime de Vladimir Poutine.
Si les grands-messes sont rarement l’occasion de décisions structurelles pourtant annoncées, la rencontre qui se déroule à Saint-Pétersbourg est au moins l’occasion, pour les amis de la Russie actuelle, de se compter. Et c’est un aréopage africain hétéroclite qui se presse au deuxième « sommet forum économique et humanitaire Russie-Afrique ». Avant le début des mondanités, ce 27 juillet, Moscou annonçait que 49 pays africains –soit presque 90% des nations du continent– prendraient part à l’événement, dont 17 chefs d’État. L’arithmétique n’est pas un détail, lorsque se profilent les votes de résolutions aux Nations unies…
Pied-de nez aux Occidentaux
Poutine peut ainsi rencontrer nombre de ses collègues qu’il n’aura finalement pas la possibilité de croiser au sommet sud-africain des BRICS. En recevant notamment le président Cyril Ramaphosa, le chef de l’État russe fait un pied-de nez aux Occidentaux, particulièrement dans une ville qui fut l’ancienne capitale impériale de cette Russie que l’on accuse de nouvelles visées expansionnistes.
Assimi Goïta et Ibrahim Traoré affichent leur proximité avec Vladimir Poutine au sommet Russie-Afrique
À Poutine, pendant cette rencontre, de rassurer certains de ses partenaires du Sud sur deux points : l’évolution du marché des céréales, après la suspension de l’accord qui régissait les exportations ukrainiennes, et le recalibrage des interventions du groupe paramilitaire Wagner, après le bras de fer entre le Kremlin et Evgueni Prigojine.
À chaque responsable africain de situer son lien avec la Russie sur le camaïeu qui va de l’allégeance à la neutralité. D’ordinaire habitués à déléguer, à leurs chefs de gouvernement, les voyages hors du Sahel, les Malien Assimi Goïta et Burkinabè Ibrahim Traoré ne pouvaient manquer le rendez-vous de Saint-Pétersbourg. Promis, par sa nouvelle Constitution, à une candidature présidentielle, le premier a troqué son treillis pour un boubou azur, tandis que le second, encore bizuth de la diplomatie internationale, ne s’est pas départi d’un uniforme qui le « sankarise ». Dans la salle de conférence et sur la photo finale du sommet, les positionnements de chacun édifieront peut-être sur l’affection mutuelle avec Poutine.
Crête étroite du non-alignement
Jamais avares de témoignages de leur proximité idéologique, Goïta et Traoré auront sans doute le temps d’échanger sur un éventuel projet, à moyen terme, de fédération rassemblant leurs deux États. À court terme, ils évoqueront certainement l’actualité nigérienne. S’ils se maintenaient sur le trône qu’ils affirmaient occuper, depuis la nuit du 26 au 27 juillet, les putschistes du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) pourraient laisser imaginer un axe Mali-Burkina-Niger aux allures de G3-Sahel.
Wagner, les nouveaux pilleurs de l’Afrique
En attendant, à Saint-Pétersbourg, les moins idolâtres des délégations africaines tenteront peut-être de se maintenir sur la crête étroite du non-alignement, en relançant l’idée d’une médiation continentale dans la crise ukrainienne. Un dialogue de sourds ne s’entend pas sur une photo…

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